Cartes

Histoire des cartes

Dès l’Antiquité, des mathématiciens grecs s’intéressent à la cartographie. Ératosthène de Cyrène (vers 275 – vers 195 av. J.C.) calcule la circonférence terrestre, tandis qu’Hipparque (IIe siècle av. J.C.) divise le monde en 360° au moyen des latitudes et des longitudes. Les auteurs Strabon (Ie siècle av. J.C.) et Claude Ptolémée (90 – 168) publient tous deux une Géographie.

Au Moyen-Âge, les savoirs antiques sont délaissés. Les cartes s’appuient sur la tradition chrétienne, comme dans l’hypothèse d’Isidore de Séville (Env. 570 – 636) : le monde sphérique est divisé en deux portions, l’une englobant l’Asie, l’autre l’Afrique et l’Europe. Trois continents qui correspondent aux trois terres données dans la tradition biblique aux trois fils de Noé.

Les premières cartes sont principalement des cartes marines pour se repérer lors de la navigation. Elles sont appelées des « portulans », apparaissant vers le XIIIe siècle.

C’est à partir du XVIe siècle, à la suite des grandes découvertes, que les cartes sont davantage présentes sur les bateaux, complétées par des instruments de mesure tels que l’astrolabe (instrument de mesure permettant le calcul de l'heure par observation du soleil ou de étoiles), l’arbalestrille (instrument de mesure permettant le calcul des angles entre des objets célestes) ou encore le quadrant. Ainsi, à la Renaissance, les nouvelles connaissances géographiques telles que la possibilité de contourner l’Afrique pour rejoindre le continent asiatique en 1488 et l’existence du continent américain en 1492 permettent de compléter les cartes existantes.

Pendant la période moderne, la Grande-Bretagne domine largement la production cartographique, portée par l’exploration de ses nouveaux territoires conquis. Mentionnons la famille britannique Bartholomew qui est à l’origine de la société cartographique d’Édimbourg. Par ailleurs, à partir du XIXe siècle, les thèmes se précisent par rapport au XVIIIe siècle (vents, population, courants, cartes géologiques).

La littérature offre également d’agréables exemples de cartes. Les romans d’aventure du XIXe siècle, tels ceux de Jules Verne (1828 – 1905) comportent des cartes, en l’occurrence imaginaires, des îles sur lesquelles se déroule l’histoire. Citons également L’île au trésor de Robert Louis Stevenson (1850 – 1894) publiée en 1883.

Au XXe siècle, deux procédés bousculent les représentations cartographiques : les photographies prises en altitude (avions et satellites) et l’informatique. Cela permet une démocratisation de la carte. La cartographie devient par ailleurs une matière scientifique à part entière.

Qu’est-ce qu’une carte ancienne ?

Une carte ancienne peut être définie comme une carte représentant un territoire à une époque révolue. Elle permet de concevoir une région du monde dont les frontières ou l’aménagement ont pu changés au fil du temps. Par exemple, Alde a vendu pour 3 375€ un ensemble de 16 cartes anciennes montrant une partie de l’Afrique et de l’Asie (Lot n°1 de la vente du 29 avril 2021). L’ensemble de 10 cartes anciennes représentant l’Amérique du sud est parti aux enchères pour 4 750€ offre un exemple d’une autre partie du monde (Lot n°2 de la vente du 29 avril 2021).

Une carte peut également être qualifiée d’ancienne lorsque la conception du monde qu’elle présente est différente de celle actuelle. Ainsi, selon la tradition biblique, des cartes figurent le monde par seulement trois continents : l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Des mappemondes ont même parfois une configuration particulière dite « en TO » : les trois continents forment un T entouré de la Mer Méditerranée et des fleuves du Nil et du Tanaïs. La ville sainte de Jérusalem se situe au centre. Par ailleurs, l’œkoumène, c’est-à-dire le monde considéré comme habité, s’étend au fil des siècles. L’Antiquité voit naître la théorie des zones climatiques ; seules les zones tempérées sont habitées, entre les zones torrides au niveau de l’équateur et les zones frigides aux pôles. Enfin, les grandes explorations au XVIe siècle révolutionnent la carte désormais ancienne avec le répertoire de nouveaux territoires.

La réglementation française, par le biais du Code du patrimoine, considère qu’une carte géographique imprimée est « ancienne » à partir du moment où elle a plus de 100 ans d’âge. La réglementation européenne admet un seuil de 200 ans. Lorsqu’il s’agit de cartes manuscrites, le seuil français descend à 50 ans, tout comme le seuil européen.

La maison de vente Alde en a vendu plusieurs. Citons en dernier lieu une carte ancienne du comté Venaissinvendue pour 3 000€ (Lot n°355 de la vente du 23 septembre 2011).

Qu’est-ce qu’une carte hydrographique ?

La carte hydrographique dresse ainsi la représentation des éléments aquatiques tels que les différents cours d’eau (fleuves, rivières, etc.) et les surfaces (lacs, mers, océans) d’un territoire.

Histoire des cartes hydrographiques

Les premières cartes marines sont les portulans précédemment cités. Un portulan datant de 1588 et représentant la mer Méditerranée a été vendu par Alde pour une enchère de 75 000€ (Lot n°44 de la vente du 27 avril 2018).

À cette fonction de repère pour les marins, la carte hydrographique acquiert une dimension politique. En effet, l’Espagne comme le Portugal cherchent à garder secrètes les cartes dressant les territoires nouvellement découverts et conquis. Une organisation spécifique est mise en place afin de maîtriser la production et la diffusion des cartes maritimes. Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies suivent le même modèle. La Compagnie des Indes orientales, fondée en 1602, joue le contrôle de supervision. Elle comprend un département cartographique, d’où une production notable de cartes hydrographiques. La confidentialité des routes maritimes revêt d’autant plus d’importance que le commerce maritime est prépondérant dans l’économie de nombreuses puissances européennes, notamment les Pays-Bas, L’Espagne et l’Angleterre.