Michel HOUELLEBECQ

I/ Œuvres de Michel Houellebecq

II/ Biographie de Michel Houellebecq

Né le 26 février 1956 à Saint-Pierre, sur l’île de la Réunion, de parents militants communistes qui se désintéressent tôt de lui, il est pris en charge par ses grands-parents maternels en Algérie. Après le divorce de ses parents, son père l’emmène chez sa grand-mère paternelle, dont il adoptera le nom de jeune fille, Houellebecq, comme pseudonyme. Après avoir fait son lycée à Meaux et une classe préparatoire au lycée Chaptal de Paris, il est admissible au concours de l’ENS mais ne se rend pas aux oraux et intègre, à la place, l’Institut national agronomique Paris-Grignon en 1975. Pendant ses études, il fonde la revue littéraire Karamazov et tourne le film Cristal de souffrance. Il est diplômé ingénieur agronome en 1978, mais une période de chômage lui permet de se tourner vers la création littéraire. Il rencontre Michel Bulteau, directeur de La Nouvelle Revue de Paris, qui lui propose de collaborer à la collection des Infréquentables aux éditions du Rocher.

Il entre à l’École nationale supérieure Louis-Lumière en section cinéma mais sort avant d’avoir obtenu son diplôme. C’est dans la même année, en 1981, que naît son fils Étienne. Il entrera en dépression nerveuse à la suite de son divorce et d’une nouvelle période de chômage. Il commence ensuite une carrière en informatique et réussit en 1990 le concours externe d’adjoint administratif au service informatique de l’Assemblée Nationale, dont il obtient un revenu qui lui assure la tranquillité.

En 1991, il publie Contre le monde, contre la vie, une biographie de Howard P. Lovecraft, ainsi qu’un recueil de poèmes, La poursuite du bonheur, pour lequel il reçoit le prix littéraire Tristan-Tzara un an après. En 1994, l’éditeur Maurice Nadeau publie son premier roman, Extension du domaine de la lutte, qui décrit la misère affective de l’homme contemporain et devient rapidement « culte », malgré un succès public modéré. En 1996, Houellebecq demande sa mise en disponibilité pour se consacrer entièrement à l’écriture.

C’est en 1998 que paraît Particules élémentaires. Il se produit une révolution médiatique, surtout par l’exclusion de Houellebecq de la Revue perpendiculaire pour incompatibilité d’idées. Ce nouveau roman vaut aussi à son auteur des accusations de misogynie, mais plus de 300 000 exemplaires sont vendus. En 2001, pendant qu’il est en Irlande, Houellebecq publie Plateforme, un roman sur le tourisme sexuel qui fait à nouveau l’objet d’une polémique, cette fois à cause de sa critique de l’islam.

En 2002 il s’installe au Parque de Cabo de Gata-Níjar, en Espagne, où il restera jusqu’en 2012. Il change d’éditeur en 2004, aux éditions Fayard, et publie en 2005 La possibilité d’une île, éclipsant les autres nouveautés de la rentrée littéraire. En 2008, à nouveau chez Flammarion, il publie un recueil d‘échanges épistolaires par courriel avec Bernard-Henri Lévy, sous le nom d’Ennemis publics. C’est en 2010 qu’il obtient finalement le prix Goncourt, pour lequel il avait déjà été pressenti, avec son nouveau livre La Carte et le Territoire.

Houellebecq suscite une nouvelle polémique avec son roman Soumission, qui décrit une France islamisée après une victoire politique de l’islam en l’an 2022. Image troublante, la date de parution du roman, le 7 janvier 2015, coïncide avec celle des attentats de Charlie Hebdo.

En 2019 il publie Sérotonine et en 2022 paraît son dernier roman, Anéantir. En plus de romans, il continue à écrire de la poésie, publiée dans des recueils comme Configuration du dernier rivage, de 2013, et il donne une très grande importance à son œuvre d’essayiste. Quant à celle-ci, il écrit dans un grand nombre de journaux, aussi à l’international, et la plupart de ses textes sont recueillis dans Interventions, Rester vivant et autres textes et Lanzarote et autres textes.

Houellebecq est un écrivain au centre de la polémique, aussi bien par rapport à ses idées politiques et sociales, transposées dans ses romans, que par rapport à sa reconnaissance et son style. Ayant fait l’objet d’une très grande médiatisation pendant sa carrière, certains mettent en cause son talent comme écrivain et se demandent si son succès ne lui vient que d’une stratégie médiatique et éditoriale. C’est ainsi qu’il est, aujourd’hui, moins accepté dans le milieu universitaire français que d’autres écrivains contemporains.

Son style, qui partage les opinions des critiques, est souvent qualifié de « style plat ». Sa prose ressemble le plus souvent à celle utilisée dans les articles de vulgarisation scientifique, même si parfois il utilise un registre plus soutenu. Elle se compose de propositions simples juxtaposées, fréquemment par le moyen d’un point-virgule et rajoutant à la fin des paragraphes une phrase banale. Alors que certains trouvent que cette manière d’écrire relève d’une totale absence de capacité littéraire, d’autres considèrent qu’elle sert magnifiquement à refléter l’époque actuelle et même à mettre en évidence la précarité des pratiques langagières.

Quant à ses thèmes, Houellebecq traite souvent des effets du libéralisme qui régit la société actuelle sur les individus qui la composent. Il emprunte à plusieurs reprises le phénomène du tourisme sexuel car il y voit une conséquence logique du libéralisme économique et sexuel qui régit la société occidentale et dont il est un fervent critique. Il traite aussi de l’homme, en tant qu’il est animal mais en même temps différent des autres animaux, en somme, de l’espèce humaine dans sa spécificité. Finalement, le troisième grand thème qui traverse son œuvre et qui lui a valu les plus grandes polémiques est celui de la religion.

III/ Estimation des œuvres de Michel Houellebecq