Billets de banque

Les expériences monétaires de notre époque moderne nous ont montré les limites des pièces « sonnantes et trébuchantes ». En effet, le problème de l’« argent-métal » réside dans le fait que les quantités de matériaux demeurent limitées. Mais malgré l’introduction d’alliages toujours plus pauvres dans les systèmes monétaires du monde, l’usage de la « monnaie de papier » devient providentiel : il est dorénavant possible et permit de transiter une grande quantité de numéraire par le biais d’un morceau de papier.

Cependant, tout esprit rigoriste reconnaitra que n’émet pas de billet qui veut. Ce système de paiement, séduisant par sa forme et sa simplicité, doit obéir à certaines contraintes. Un billet de banque est reconnu comme étant un « rectangle de papier illustré » sur lequel est fait la mention de la valeur monétaire intrinsèque. Ce billet est émis par une banque centrale (comme dans l’exemple de la monnaie unique européenne) mais aussi par une banque nationale d’un État.

L’émergence de la « monnaie volante » en Chine et en Occident

En raison d’une monnaie officielle très faible et encombrante, les premiers billets de banque font leur apparition en Chine au VIIIème siècle durant la dynastie Tang (618 – 907). Qualifiée dès le début de « monnaie volante », elle marque l’étonnement de Marco Polo (1254 – 1324) ne pouvant s’imaginer de monnaie n’ayant aucune valeur « matérielle » intrinsèque. Au début du XIème siècle, l’empereur de Chine Song Renzong crée le premier billet de banque reconnu comme tel : ce sont les jiaozi. Dans ce système, l’administration impériale fait office de fonds de garantie.

Il faut attendre 1661 pour que la première monnaie de papier émerge en Occident. À la suite d’une grande pénurie d’argent pour frapper les numéraires, la Suède instaure les lettres de change. Le royaume de Suède adopte en 1745, à la suite de cet événement, le billet de banque comme monnaie officielle.

Dans le dernier quart du XVIIème siècle, le billet de banque est encore entaché de cette image de « monnaie de nécessité » si bien que nous retrouvons des exemples de « monnaies de cartes » au Québec dès 1690 pour, comme en Suède, pallier le manque de monnaie métallique.

La faillite de la monnaie « de papier » au siècle des Lumières

Malgré des essais marginaux par le royaume de France à l’orée du XVIIIème siècle, la « monnaie de papier » demeure un succès en raison de sa discrétion. Le Trésor royal, sous le règne de Louis XIV, émet des « proto-billets » sous la forme de lettres de change que l’on appelle officiellement plus tard « billet de monnoye » puis « billet de l’Estat ».

Lorsque sonne la mort du Roi-Soleil en 1715, le gouvernement de la Régence laisse place à de vastes réformes monétaires ambitieuses. La France est alors victime d'une grave crise économique et monétaire engendrée par les guerres de Succession d’Espagne (1701 – 1713). La dette de l’État atteint un sommet historique avec un manque de près de 2,8 milliards de livres selon les Comptes royaux. L’économiste écossais John Law (1671 – 1729), glorifié par le succès de sa monnaie de papier en Angleterre une vingtaine d’années auparavant, décide de faire de même sur le territoire français. Cependant, les importants agiotages (pratique illégale de spéculation sur la faillite d’un modèle financier) engendrent la banqueroute du système de Law.

Malgré l’échec de cette monnaie papier dans les esprits, une autre tentative survient durant la Révolution française. Dès 1789, le Trésor national a imprimé des assignats dont la valeur était gagée sur les biens nationaux (lot de 14 planches de 20 assignats vendus par la maison Alde le 29 novembre 2012 pour 732€). Ces derniers désignent tous les biens et possessions de l’Église confisqués par la Première République. Mais pour l’assignat imprimé en masse, ce qui devait être un emprunt rationalisé devint au fil des mois un titre de peu de valeur victime de l’inflation. Pour la deuxième tentative consécutive, la monnaie papier se solde par un échec sur le territoire français.

La démocratisation progressive du billet de banque du XIXème au XXème siècle

Les premiers billets de banque sont émis par la Banque de France en 1800. Les montants alors indiqués par les billets sont élevés (sommes de 500 F ou de 1.000 F). En effet, les billets sont d’abord utilisés à des fins commerciales et industrielles. Il faut alors attendre le milieu du Second Empire (1852 – 1870) pour que la société française utilise de plus en plus le billet de banque comme une monnaie d’échange. L’émission de « petites coupures » de 200 F, 100 F et plus tard de 50 F privilégie les échanges entre particuliers. Cependant, jusqu’à la Première Guerre mondiale (1914 – 1918), les billets de la Banque de France n’ont pas de cours légal. Cela signifie qu’avant la Grande guerre, un commerçant avait le droit de refuser le paiement d’un client avec un billet de banque.

Au moment de la création de la Banque de France le 18 janvier 1800, les institutions émettrices placent les trois composantes majeures du billet de banque au centre de leurs préoccupations. Dans ce cas, un billet de banque est considéré comme légalement conçu lorsque son papier, ses procédés d’impression ainsi que son système de protection contre la falsification sont considérés comme conformes. Pour se faire, la Banque de France s’est tenue en alerte des innovations technologiques dans ce secteur.

Dès le départ, les billets de banque, issus des presses de la banque centrale française, sont imprimés sur un papier spécial montrant un filigrane par transparence. Ce filigrane, d’abord sous la forme d’un texte simple en 1800, se complexifie en 1862 en montrant un visage de femme de face. Le système actuel est celui du « fil » depuis le début des années 1990.

L’impression des premiers billets de banque ne diffère pas de celle des assignats ou des autres coupures anciennes : l’impression se fait à l’encre noire. Cependant, avec les progrès de la photographie et les potentielles falsifications en découlant, l’impression à l’encre bleue apparait comme la voie providentielle. Le XXème siècle apporte son lot d’innovations techniques et nul ne veut voir les méthodes de l’impression du billet de banque ployer sous l’archaïsme. En plus de l’impression dite « traditionnelle » de la typographie, l’impression à la taille-douce est rejointe par l’impression offset depuis les années 1970.

Anciennes colonies françaises. Gouvernement Général de l'A.O.F. HAUT-SÉNÉGAL-NIGER.

0fr.50 décret du 11 février 1917. Numéro : T-2 819. Dimension : 8 x 5,6 cm.

Extrêmement Rare.

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