Médaille antique

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La médaille antique grecque : de l’invention de la monnaie métallique aux portraits hellénistiques.

Dès l’Antiquité, aucune distinction n’est faite entre la médaille et la monnaie. En effet, la médaille est, elle aussi, perçue comme une valeur d’échange contre du numéraire.

La monnaie « sonnante et trébuchante » telle que nous l’entendons apparaît au milieu du VIIe siècle avant notre ère en Lydie (voir la partie sur la monnaie antique). Selon la légende, le roi Crésus de Sarde invente la pièce de monnaie pour renforcer l’économie et le pouvoir royal.

L’usage de la monnaie ne se réserve pas à l’intelligence exclusive des peuples d’Anatolie. En effet, cette nouvelle façon de compter les marchandises à l’aide de numéraires métalliques se répand dans la Grèce classique « des Cités ». Chaque cité-Etat grecque, en ce temps, se laisse reconnaitre grâce à une iconographie précise sur ses pièces à l’exemple d’Athènes avec le visage d’Athéna et la chouette. La civilisation grecque, ne se limitant pas aux bornes de la mer Egée ; la monnaie se développe considérablement dans les colonies de la Grande-Grèce (en Italie du Sud et en Sicile) dès le Ve siècle avant J.C. (lot 13 de la vente du 12 juin 2018 vendu pour la somme de 2.745€). Là, le médailleur Évainète se distingue particulièrement pour sa maîtrise de la gravure de monnaie. Parmi ses chefs-d’œuvre, nous trouvons le tétradrachme à la tête d’Aréthuse provenant de Syracuse (voir le lot 33 de la vente du 19 octobre 2016 vendu à 7.320€).

L’époque hellénistique se distingue par le développement considérable de l’« art du portrait métallique ». Là, les souverains sont représenté à même l’avers de leurs médailles. Cette méthode n’est possible que par une complète maîtrise de la technique de la « gravure enméplat » (effet de relief sur une surface plane comme une pièce). Parmi les rois ayant suivi cette mouvance, nous trouvons Philippe II de Macédoine, Alexandre III le Grand (lot 15 de la vente du 24 juin 2019 vendu à 976€), le roi Persée des Antigonides (lot 55 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour la somme de 2.684€) mais encore le roi Eucratide des Bactrianes (lot 44 de la vente du 24 juin 2019 vendu à 1.342€).

L’art de la médaille à Rome : des premiers monnayages républicains aux solidus impériaux

Aux balbutiements de la cité de Rome en 753 avant notre ère, les échanges commerciaux se faisaient en nature. Ce n’est qu’à partir de 400 avant J.C. que le système du troc est remplacé par un système numéraire rationnalisé. D’abord constituée des aes de bronze, l’économie romaine se renforce avec l’arrivée du denier et de ses subdivisions en argent à partir de 211 avant l’ère commune. Conçues sur une iconographie grecque, ses monnaies arborent l’effigie des dieux du panthéon latin et la figure allégorique de la capitale du Latium : « ROMA » (voir le lot 64 de la vente du 12 juin 2018 vendu pour la somme de 244€). Au cours du premier siècle avant J.C., la République romaine est déchirée par la Guerre civile. Cette lutte entre les différentes classes de la société italienne voit s’opposer une poignée de chefs charismatiques. Ces figures comprennent l’intérêt de l’usage de la médaille à des fins de publicité. Parmi eux, nous pouvons citer Jules César (lot 199 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour 1.366€), Marc-Antoine (lot 69 de la vente du 12 juin 2018 vendu à 366€) mais encore Octave (lot 214 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour la somme de 11.000€) futur empereur Auguste en 27 avant notre ère : Actum est de republica… (« C’en est fait de la République »).

L’avènement de l’Empire avec le sacre de l’empereur Auguste signe la fin des querelles de la Guerre civile. Conscient de la fragilité du lien invisible unissant tous les administrés de l’Empire autour de leur chef, le souverain renforce son emprise grâce au pouvoir de la médaille. La dynastie des Julio-Claudiens met en place un véritable culte autour de leur famille si bien que Rome est indissociable de ce clan. A l’image de Tibère (lot 2 de la vente du 09 mars 2018 vendu à 3.050€), Caligula (lot 74 de la vente du 12 juin 2018 vendu pour la somme de 18.300€) mais encore de celle de Néron et de son épouse Antonia (lot 230 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour 36.600€), les premiers empereurs sont investis d’un rôle divin que seul le ciel peut préserver des menaces aussi bien externes qu’internes. Avec l’arrivée au pouvoir de la dynastie des Antonins à Rome en 96, l’Empire jouit d’une prospérité et d’une étendue inégalée : c’est l’ère de la Pax Romana. Sous cette époque des « Cinq bons empereurs » selon Machiavel, l’art de la médaille atteint son âge d’or sous les mains des artisans du règne de Trajan. Cet empereur comprend qu’une médaille est un objet de propagande que rien ne peut égaler en raison de sa mobilité dans l’Empire. L’art de la monnaie se codifie de plus en plus et les coins s’uniformisent (lot 244 de la vente du 19 octobre 2016 vendu à 7.320€). Les monnaies de ses prédécesseurs, aussi bien de l’empereur Hadrien que de Marc-Aurèle (lot 60 de la vente du 24 juin 2019 vendu pour la somme de 331€), témoignent d’une Rome pacifiée de l’intérieur mais encore menacée sur les bords de son Limes lors des guerres contre les Daces de l’Est. La médaille, plus que jamais, est le témoignage des services rendus à l’Empire. En effet, le grand pontife décerne des médailles diplomatiques en guise de cadeau à ses plus fidèles élites et alliés politiques.

À partir du IIIe siècle, l’Empire romain traverse de grandes difficultés. Lui, dont les frontières s’étendent de la Mauritanie à l’Arménie en passant par la Bretagne, fait les frais des invasions « barbares » venant de ses provinces les plus reculées. Une crise économique et monétaire inédite amène le pouvoir central à réformer le système numéraire (voir la fiche sur la monnaie antique) et à introduire une nouvelle monnaie de compte davantage fiable que ses prédécesseurs : le solidus (lot 301 de la vente du 19 octobre 2016 vendu par Alde pour 36.600€). En plus de glorifier la personne de l’empereur, les médailles romaines du Bas-Empire permettent de transiter l’iconographie paléochrétienne à travers tout le territoire (surtout dans l’Empire d’Orient). Là, des monnaies arborent le chrisme (symbole chrétien représentant le monogramme du Christ des lettres grecques Ι, Χ et Ρ).

Les spécialistes de cette période, à l’image de Michel Pastoureau, considèrent que les médailles byzantines appartiennent encore au champ de la médaille antique en raison de la stabilité de l’iconographie romaine orientale dans le système monétaire de Constantinople (lot 305 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour la somme de 947€).

La médaille celte de Gaule : deux siècles de développement monétaire de Massilia à la Belgique

Le terme de monnaie gauloise désigne les productions monétaires de culture celtique sur le territoire de la Gaule et de l’Ibérie durant la période de La Tène moyenne et de La Tène finale (entre 200 et 25 avant notre ère).

Les médailles gauloises sont parmi les plus méconnues de l’Antiquité occidentale pour plusieurs raisons : leur rareté et l’iconographie complexe sur les faces des pièces de métal. En effet, l’oralité des langues et des cultures gauloises explique la pauvreté voire l’absence de base textuelle susceptible de nous aider à comprendre les écritures et les formes sur les monnaies.

La monnaie, comme nous l’avons vu, n’est pas une invention gauloise mais anatolienne et grecque (voir plus haut). Cependant, le développement de la médaille dans les territoires de culture gauloise est lié aux invasions celtes de la Macédoine en 279 avant notre ère. Là, les guerriers rapportent en Gaule des pièces en or représentant le roi de Macédoine Philippe II sur l’avers et un quadrige sur le revers. Cette iconographie va inspirer les médailleurs et graveurs gaulois pendant près de deux siècles si bien que nous trouvons ce thème jusqu’au moment de la romanisation de la Gaule (lot 338 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour 24.400€). L’influence de la monnaie grecque méditerranéenne se fait également ressentir au regard des portraits de divinités telle que Diane (lot 320 de la vente du 19 octobre 2016 vendu pour la somme de 805€) mais encore d’Apollon sur les monnaies Arvernes de l’immanquable chef Vercingétorix.

L’abstraction des lignes et des formesceltiques des monnaies gauloises n’a pas encore livré tous ses secrets (lot 181 de la vente du 12 juin 2018 vendu à 366€).